EKDP - Ecole de Karate-Do Parisienne

Les profs


Cédric

Cédric, comment as-tu commencé le Karate ?

J'ai commencé à pratiquer le Karate lorsque je suis rentré en 5ème, au collège.

Depuis plusieurs années, mes parentsessayaient de me faire aimer le sport. Mais cela ne me passionnait pas vraiment.Après avoir essayé le tennis, la gymnastique, le badmington, c'est en 1988, que je visitais mon premier dojo. C'était une belle salle au beau milieu d'un complexe sportif. Ne sachant pas en quoi consistait ce sport, nous n'étions venu que pour voir un cours. Mais honnêtement, l'essentiel était de ne pas contrarier mes parents, carj'étais bien convaincu que cette activité ne me plairait pas plus qu'une autre ...

Seulement, plutôt que de regarder tranquillement le cours, on m'a gentiment conseillé de rejoindre les autres pour essayer. Et c'est aussi simplement que tout a commencé. A la fin du cours, je m'étais bien amusé : le professeur était gentil, on avait fait des jeux, des roulades, des coups de poings, et à la différence d'autres activités, personne n'était venu me reprocher mon ignorance ou ma maladresse ...

Aussi, lorsque ce dernier m'a proposé de revenir la semaine suivante, jen'ai pas su dire non.A la fin de cette saison, en recevant mon premier grade, je savais déjà ce que je ferai l'année suivante ...
C'était il y a 35 ans, et ce fut mon premier contact avec le Karate.

Et que s'est-il passé depuis ?

Aujourd'hui, je suis 6ème dan, et le Karate est devenu à la fois une passion et un besoin. Du fait de mes formations scolaire, militaire et professionnelle, j'ai eu l'occasion de suivre l'enseignement de plusieurs professeurs, mais c'est pendant ma période lycéenne, que l'on m'a fait réellement goûter à l'art martial.
Est-ce la sensibilité de l'adolescence ou la personnalité du professeur du moment qui ont prévalu ? Je ne sais pas. Mais une chose est certaine : de la simple activité hebdomadaire, je suis progressivement passé à 2, puis 3 cours par semaine.

Ma passion, elle s'est forgée au contact de professeurs remarquables. Parmi eux, je peux citer Pascal Lecourt (Rouen de 1992 à 1999), Gérard Claverie (Bordeaux de 1996-1997), Noël Carrere (Mérignac de 1997-1999) et Sylvain Queyroi (Mérignac de 1997-1999).

Tous m'ont apporté des choses différentes, ce qui a permis d'enrichir considérablement mon Karate et de constater qu'il mefaudra bien longtemps avant d'avoir fait le tour du sujet.

Depuis 1999, je m'entraîne chez Christian Babille (Paris - 7e dan) . Un professeur formidable qui m'a notamment appris que nous pouvons être très sérieux dans l'entrainement tout en restant très humains. C'est peut être la leçon la plus importante à retenir du Karate-Do.

Tous, de près ou de loin, ils ont un point commun : Maître Kase. Un homme qui a montré, qu'à plus de 70 ans, on peut encore mettre le karategi et avoir une énergie fabuleuse. D'autres personnes entretiennent cette passion etravivent régulièrement ce feu intérieur. Je pense particulièrement à Jean Pierre Lavorato (9e dan - Expert Fédéral), et Maître Shiraï (Italie). Tant que de telles personnes existerontet partageront leur expérience, je ne pense pas que ma passion s'éteindra.

Bien au contraire, j'ai envie à mon tour detransmettre ce que j'ai reçu. Et je ne parle pas simplement detechnique ou de sport. Des personnes m'ont consacré du temps, et grâce à elles, et par l'intermédiaire du Karate-Do bien-sûr, j'ai pu me réaliser. Il est aujourd'hui temps de donner ce que j'ai reçu.

Cédric, que retiens-tu finalement de la pratique du karate après plus de 30 ans ?

Auparavant, ce qui me fascimait le plus, c'est que tout ce que j'apprenais au dojo trouvait son équivalent dans la vie courante. Les adolescents étaient mélangés aux adultes. On était tous différents, toutes les catégories de métiers étaient représentées : du simple ouvrier au médecin en passant par le facteur et l'ingénieur. On était tous égaux. Revêtus du dogi, pas de discrimination selon l'âge, le sexe, ou l'argent. Seuls comptaient la transpiration et les efforts pour progresser. Au dojo, impossible de tricher, seul celui qui travaillait était récompensé. C'était juste et tellement différent de la vie de tous les jours.

Au delà de l'activité physique, la vie au dojo m'a appris le respect dû aux anciens, la frustration de ne pas savoir ou pouvoir faire comme eux, et donc le respect de ceux qui ne savent pas encore, ou qui ont moins de possibilité que moi ...

Il faut dire aussi que j'ai effectué un parcours scolaire sans gloire, et sans passion. Mais, si aujourd'hui, j'ai un bon métier, je sais que le Karate y est pour beaucoup. Il ne me semble pas naturel de suivre des cours théoriques toute la journée, de faire ses devoirs le soir, et de recommencer tous les jours sans ressentir le besoin physique de s'exprimer. Je pense qu'il en est de même en tant que salarié. D'un naturel plutôt renfermé, et peu passionné par les fêtes étudiantes, la pratique du Karate a permis de canaliser mon surplus d'énergie. La journée, j'étudiais, le soir, je m'entraînais.

Cette vie, ne représentait pas et ne représente toujours pas la généralité des étudiants, mais aujourd'hui encore, je ne regrette rien. Pourtant, après tout ce temps passé à apprendre, je ne rassemble toujours pas les qualités que les gens ont à l'esprit lorsqu'ils pensent aux arts martiaux. Je ne sais pas faire le grand écart, ni les coups de pieds sautés que l'on voit dans les magazines ou à la télé, et je suis encore moins une star du combat de compétition.

Par contre, il y a quelques années, j'ai eu un accident de moto. En quelques secondes, je me suis retrouvé avec un bras et une jambe cassés. C'était terrible car je n'étais pas autonome et je suis resté hospitalisé plusieurs mois. Mon épouse et ma famille étaient très inquiets. Mais, chose exceptionnelle, j'ai pu commencer la rééducation dès le lendemain de mon accident. Mon corps était prêt. Et surtout, malgré la frustration de ne pas pouvoir l'utiliser comme d'habitude, j'essayais d'affronter chaque situation en allant de l'avant. C'est ainsi que j'ai pu réapprendre à marcher et à réutiliser mon bras. Il y a eu des moments difficiles, mais je crois sincèrement que c'est grâce à l'esprit du Karate que j'ai pu reprendre mon rythme de vie.

Je n'oublierai jamais non plus qu'il n'y a pas eu une seule semaine sans que nos élèves de l'EKDP et autres amis Karatekas ne soient venu me voir à l'hospital.
Pour moi, maintenant, c'est clair : oui, j'ai sacrifié beaucoup pour le Karate, mais ca valait le coup et je lui dois beaucoup.

Et quand je regarde en arrière, je m'aperçois qu'au fil de ces années, j'ai vécu beaucoup de choses.J'ai rencontré beaucoup de gens formidables, dont la plupart sont devenus mes amis, et ils m'ont permis de changer et de murir. Et je ne vois qu'une constante : le matin, je me lève tôt pour travailler, afin que le soir venu, je puisse m'entraîner.
Et même si je suis fatigué, ou que je suis peu motivé, je vais au dojo car, dans ce lieu si particulier, je me sens vivant, tout simplement.